Mes premières longues randonnées ont été particulièrement riches d’enseignements. 

Quand avec mes 2 compagnons de voyage on se lance seuls et sans guide pour 3 jours dans le Canyon del Colca au Pérou, j’ignorais que j’allais finir en larmes. 

On se lève à l’aube pour un premier jour qui semble facile: 1000m de dénivelé négatif. 

Le paysage est sublime, mais je redoute particulièrement cette première journée parce que la descente, je n’aime pas du tout ça. Mais alors pas du tout. Ça fait mal aux genoux, je glisse sur les cailloux et pour couronner le tout, j’ai une peur panique du vide.

Ce n’est pas dur physiquement, mais c’est une épreuve mentale pour moi. Je glisse plusieurs fois, je suis lente, peu assurée et la vue sur le vide me paralyse. Après 4 heures de descente et de crispation, je finis par craquer. J’arrive en bas sans pouvoir contenir mes larmes.

Pourquoi raconter cet épisode de faiblesse ?

Parce-que je pense qu’il s’est révélé positif et j’en ai tiré des leçons. 

Sur le coup, j’ai fondu en larmes de frustration et d’énervement. Je m’en voulais car je savais que tout était dans ma tête. 

Que dans les montées, même à bout de souffle, les cuisses en feu et le dos douloureux, j’arrivais à me motiver pour continuer. 

Mais que dans les descentes, je n’arrivais pas à vaincre la panique du vide, la peur de tomber. 

J’arrivais à vaincre la douleur mais pas la peur. 

Ce jour là, j’ai réalisé quelque chose d’important: parfois, on peut être son pire ennemi. 

Or, si c’était un ami à notre place, on le soutiendrait, le rassurerait, le motiverait.

Au lieu de l’accabler, on lui dirait que tout ira bien. 

Ce jour-là, j’ai compris que je devais être ma meilleure amie avant tout. 

Troquer la dureté et l’exigence contre la bienveillance.

On est capable de tout, si l’on y croit. La force, on la trouve dans les échecs et dans les peurs que l’on vainc, et surtout en soi.